CRYPTE DE LA CATHÉDRALE DE STRASBOURG

Bien que la première mention d'un évêque à Strasbourg remonte à 346, et concerne saint Amand, l'on ne connaît rien de l'édifice de cette époque. Même la découverte de tuiles estampillées, lors de fouilles sous la chapelle Saint-Laurent entre 1968 et 1972, portant la mention de l'évêque Arbogast ne permet pas d'établir de l'existence d'une cathédrale au VIe siècle. La première description de la cathédrale Notre-Dame n'apparaît qu'au IXe siècle, après 824, sous la plume du poète aquitain Ermold le Noir. La reconstitution de cet édifice relève de la conjecture. Toutefois, l'examen de certains des relevés de fouilles effectuées en 1907 sur les fondations romanes de la cathédrale permet de suggérer que cette dernière a peut-être partiellement repris des éléments d'un appareillage qui pourrait éventuellement être du type carolingien. Toujours est-il qu'aucun des vestiges archéologiques actuellement connus ne peut attester de la présence d'une cathédrale à l'emplacement actuel avant l'an Mil.
Pour ce qui est de la cathédrale romane, l'on dispose d'une source narrative, les Annales de Marbach, du XIIIe siècle, qui mentionnent succinctement des faits relatifs à la cathédrale. Ainsi, l'on apprend qu'en 1015, c'est-à-dire sous l'épiscopat de Werner Ier (1001-1022), "le monastère SainteMarie de Strasbourg s'élève pour la première fois de ses fondations". D'après l'examen des fondations retrouvées lors des fouilles réalisées en 1907 par J. Knauth, l'on a pu établir que la cathédrale du Xle siècle avait les mêmes dimensions que la cathédrale actuelle, avec un transept peut-être plus long et un couvrement charpenté sur la nef qui présentait trois vaisseaux. Il semblerait que deux tours encadraient la façade, étant donnée la largeur importante des fondations latérales du massif occidental. Il ne subsiste plus rien de la cathédrale de Werner, excepté quelques pierre à taille décorative remployées dans la partie orientale de la crypte et des éléments fragmentaires dans- la chapelle Saint-Jean.
Toujours dans les Annales de Marbach, l'on apprend que plusieurs incendies ont touché l'église en 1136, en 1140 et en 1150, mais l'on ne peut rien déduire de ces mentions du point de vue architectural, car l'on ne connaît rien de l'ampleur de ces sinistres.
En tout cas, le XIIe siècle est celui dont il nous reste divers témoignages architecturaux attestant des reconstructions successives. Ainsi, la partie orientale de la crypte qui est l'élément le plus ancien de l'édifice, fut bâtie dans les environs de 1130-1135. En 1153, est consacrée la chapelle Saint-Martin du cloître. Puis vers 1160, l'on élargit la crypte à l'ouest. A partir du troisième quart du XIIe siècle, l'on entreprend la reconstruction des parties hautes à l'est, et l'on peut dater de cette époque la base du mur oriental du bras sud du transept, grâce aux chapiteaux qui décorent l'entrée de la chapelle Saint-André. L'on sait également qu'un nouvel incendie frappa la cathédrale en 1176 et, surtout, qu'en 1190, l'évêque Conrad de Hunebourg accorda une lettre d'indulgence à ceux qui se rendraient dans le sanctuaire. Ceci permit certainement de recueillir des fonds indispensables à une reconstruction. Il semblerait que l'on puisse rattacher certaines parties du transept (bras nord et partiellement bras sud) et du choeur (chevet plat s'alignant sur la quatrième aile du cloître) à cette époque. La fin du XIIe et l'orée du XIIIe siècle, est également la période durant laquelle est entreprise la construction de la chapelle Saint-André et de la croisée, dont la coupole sur trompe rappelle celle des cathédrales de Bâle et de Worms.

QUELQUES REPÈRES CHRONOLOGIQUES
- dans la partie orientale, les groupes 1 sont placés tardivement dans le premier tiers du XIIe siècle, aux alentours de 1125-1135, et datent une voûte haute non conservée ; - dans la partie occidentale, le groupe 2 est daté de la fin du premier tiers au début du deuxième
tiers du XIIe siècle, soit des environs de 1130-1135, et date une voûte non conservée et peut-être jamais réalisée à cause d'un changement de parti ;
- dans la partie occidentale, le groupe 3 de 1160 environ, date la voûte basse sur la partie occidentale;
- dans la partie occidentale, le groupe 4, vers 1190, date le voûtement bas actuel de la partie est, avec son berceau à pénétration dans la nef centrale.
Cette étude des parties hautes de la crypte n'a pas mis en évidence des parties anciennes
intérieures au XIIe siècle ; en revanche, elle a mis en valeur trois temps du chevet roman au XIIe siècle, avant sa reconstruction aux environs de 1190. La rupture avec une tradition historiographique de crypte wernhérienne permettrait donc de recentrer l'intérêt architectural de la cathédrale romane autour de son chevet sur crypte haute datant probablement des années 1125-1135.

Plan du Caveau du St Sépulcre au dessous
du grand Choeur de la Cathédrale de Strasbourg

Strasbourg, partie orientale de la crypte. Départ d'arc muré de la travée droite.
Strasbourg, partie orientale de la crypte. Mur nord. Niches et porte murée de l'escalier
Crypte E
Crypte E
Crypte O
Crypte O
Crypte O
Crypte O